En France, le « parler jeune »(2) intrigue les spécialistes car il fonctionne de façon codifiée et identitaire. Une de ses caractéristiques est une palatalisation très marquée.
Un jour que j’attendais l’autobus à l’autre bout de la capitale, quatre jeunes gens sont venus s’abriter à mes côtés. Ils parlaient très fort et j’ai pu enregistrer quelques instants de leur conversation. Puis je l’ai fidèlement retranscrite pour vous.
JEUNE 1. – Oh ! La voityure ! Tyas vu ?
JEUNE 2. – La hontye de mon père !
JEUNE 3. – T’attyends quoi, là ?
JEUNE 4. – Le sandwich, putyain ! C’est trop cher, c’est 4 euros, un sandwich !
JEUNE 3. – On va gagner des sous, attyends !
JEUNE 4. – C’est mieux quand tyu tyen occupes…
JEUNE 1. – Mais tyu rigoles ? Hé ? Le petyit, là-bas ? l’habitye où ?
JEUNE 2. – C’est un bâtyard ! Avec ses bottyes carrées, attyends !
JEUNE 1. – Waou ! Mythyo, le mec ! J’y ai dit : « Oublie pas d’où que tyu viens ! » C’est un bâtyard !
JEUNE 3. – L’a fait une photyo avec ses bottyes carrées, j’te jure ! Du 49 !
JEUNE 1. – Il a un avocat ? Il a les jetyons ! Waouh ! J’sais pas quoi !
JEUNE 4. – Attyends, hé, c’est le mec qui tyire les gens ! Ah oui, aaattyends, les keufs ? T’sais quoi ? Il les allonge !
JEUNE 1. – Vas-y, c’est une tyête de mort !!!
JEUNE 3. – Tyu, tyu vois ? là ? La meuf, attyends ! Canon !
JEUNE 4. – On s’est battyus comme des oufs…
JEUNE 2. – Tiens ! Les keufs ! Allongés ? On va fêtyer ça !
JEUNE 1. – Vas-y ! J’te dis, c’est des tyêtes de morts !
Un dialogue un peu décousu, certes, mais authentique…Un document qui illustre justement bien la difficulté à saisir l’oral puis à l’exploiter dans sa forme de document authentique en classe de FLE. Mais ça, c’est une autre histoire !
(1) La palatalisation est une altération de l’articulation du t que je tâche de rendre à l’écrit en notant ty à la place de t.
(2) « Parler jeune ». On dit aussi « langue des cités » ou « langue des banlieues ».
Un jour que j’attendais l’autobus à l’autre bout de la capitale, quatre jeunes gens sont venus s’abriter à mes côtés. Ils parlaient très fort et j’ai pu enregistrer quelques instants de leur conversation. Puis je l’ai fidèlement retranscrite pour vous.
JEUNE 1. – Oh ! La voityure ! Tyas vu ?
JEUNE 2. – La hontye de mon père !
JEUNE 3. – T’attyends quoi, là ?
JEUNE 4. – Le sandwich, putyain ! C’est trop cher, c’est 4 euros, un sandwich !
JEUNE 3. – On va gagner des sous, attyends !
JEUNE 4. – C’est mieux quand tyu tyen occupes…
JEUNE 1. – Mais tyu rigoles ? Hé ? Le petyit, là-bas ? l’habitye où ?
JEUNE 2. – C’est un bâtyard ! Avec ses bottyes carrées, attyends !
JEUNE 1. – Waou ! Mythyo, le mec ! J’y ai dit : « Oublie pas d’où que tyu viens ! » C’est un bâtyard !
JEUNE 3. – L’a fait une photyo avec ses bottyes carrées, j’te jure ! Du 49 !
JEUNE 1. – Il a un avocat ? Il a les jetyons ! Waouh ! J’sais pas quoi !
JEUNE 4. – Attyends, hé, c’est le mec qui tyire les gens ! Ah oui, aaattyends, les keufs ? T’sais quoi ? Il les allonge !
JEUNE 1. – Vas-y, c’est une tyête de mort !!!
JEUNE 3. – Tyu, tyu vois ? là ? La meuf, attyends ! Canon !
JEUNE 4. – On s’est battyus comme des oufs…
JEUNE 2. – Tiens ! Les keufs ! Allongés ? On va fêtyer ça !
JEUNE 1. – Vas-y ! J’te dis, c’est des tyêtes de morts !
Un dialogue un peu décousu, certes, mais authentique…Un document qui illustre justement bien la difficulté à saisir l’oral puis à l’exploiter dans sa forme de document authentique en classe de FLE. Mais ça, c’est une autre histoire !
(1) La palatalisation est une altération de l’articulation du t que je tâche de rendre à l’écrit en notant ty à la place de t.
(2) « Parler jeune ». On dit aussi « langue des cités » ou « langue des banlieues ».